Mon voisin (11.4) suite
Le fermier venait me voir régulièrement, et dans la remorque de son tracteur, sortait des feuilles de choux ou de la paille .Je dégustais ces suppléments, accompagnés par les pies et les goélands.
Ainsi se passait l’été, jusqu’au début du mois d’août, ou le maréchal ferrant se déplaçait sur l’île et me changeait les quatre fers. Tôt le matin le maître me prenait a la bride et me faisait passer dans le village, nous nous retrouvions a plusieurs chevaux et juments à attendre notre tour ; Pendant que les fermiers discutaient entre eux, nous étions attachés aux tracteurs et voitures en réparation du garage de l’île. Le maréchal ferrant préparait ses fers dans la forge du garage. Il tapait en rythme sur son enclume, toc toc toc tac, .Je suis rentré dans un box et le maréchal ferrant m’a attaché ensuite il a soulevé ma patte avant et avec son marteau m’a déferré. Mon maitre me massait le front, j’e ne ressentais aucune douleur, mais cette agitation et ce bruit me stressais .Après que l’homme de l’art m’ait déferré, mon maître me gratta les sabots et me les lima. Le fer rouge était ajusté et pointé. Dans l’atelier du mécanicien de l’île ou d’habitude l’odeur des huiles agacaient mes naseaux, exhalait une odeur acre de corne chaude.
Les fers ainsi ajustés, claquaient sur le goudron de la route. Et j’étais fier, la crinière au vent de voir les humains se retourner sur mon passage. Mon allure et mon port étaient parfaits, je relevai la tête et montrait mes muscles.
Cette opération n’était pas anodine car tous les ans, le quinze aout avait lieu sur la grande plage la course des chevaux de l’ile ; Mon maitre se préparait un mois a l’avance, il sortait la selle du grenier et commençait à la passer au cirage et a l’huile de phoque.
Sur la dune, il me faisait porter la selle ainsi assouplie quelques jours et le dimanche matin a l’aurore, nous partions en ballade, au début, il marchait à coté de moi, puis il s’installait sur mon dos. Au pas, dans les rues, et au galop en arrivant a la plage. Sans être de forte corpulence, mon maitre pesait au moins un sac et demi de pommes de terre. Il me faisait faire des allers et retours devant les promeneurs matinaux. Nous rentrions par le bourg, il me douchait et me frottait, me massait les pattes. Il vérifiait l’état des fers et me bandait les jambes
Les entrainements s’intensifiaient a l’approche de la course, ma nourriture aussi changeait, elle était plus riche plus sucrée. Pour cette course Il n’y avait ni paris, ni d’enjeux financiers. Mon maitre n’avait jamais gagné ce derby, c’était souvent les fermes riches de la cote ouest qui trustaient les titres. Il devait espérer secrètement d’apposer la plaque du vainqueur sur la porte du haras.
((A SUIVRE))